Prix : EUR 7,77

Nom : Spirou. Professions : groom au Moustic-Hôtel, puis coureur d'aventure. Age : né le 21 avril 1938 à Marcinelle (Belgique). Signes particuliers : vêtu d'un costume rouge à boutons dorés et coiffé d'un calot. Le jeune Spirou fait ses débuts dans la vie active au sein de l'hebdomadaire du même nom, sous le crayon du dessinateur français Rob-Vel. Détail amusant : en wallon, spirou signifie écureuil. Et dès 1939, il prend sous sa protection un petit écureuil baptisé Spip… Mais le mot désigne aussi un garçon plutôt vif et débrouillard. Tout le portrait de Spirou, justement. Très vite, d'ailleurs, il délaisse son métier d'origine pour se lancer dans la course à l'aventure, tellement plus palpitante. En 1943, Rob-Vel cède la place à Jijé, qui donne à Spirou un compagnon haut en couleurs, un certain Fantasio. Un phénomène, celui-ci. Esprit fantasque et bouillonnant, reporter et inventeur à ses heures, fumeur de pipe, volontiers gaffeur et infatigable râleur. Bref, une authentique personnalité. Trois ans plus tard, Jijé passe le relais à un jeune inconnu, André Franquin. Avec lui, Spirou va acquérir un statut de vedette de la bande dessinée. Franquin imagine toute une galerie de personnages secondaires savoureux. Des méchants inoubliables comme Zantafio - cousin et double maléfique de Fantasio - ou Zorglub. Des gentils plein de poésie, comme le délicieux Comte de Champignac - Hégésippe Adélard Ladislas de son prénom. Et, bien sûr, le génial Marsupilami. En 1968, Franquin passe la main. Différents auteurs se succèdent jusqu'au duo actuel, Tome et Janry, qui hérite de la série en 1981. Et qui anime en parallèle depuis 1987 les délicieuses frasques de jeunesse du Petit Spirou. Et puis, en 1998, coup de théâtre. Dans Machine qui rêve, Spirou range au placard sa tenue de groom. Tome et Janry décident de traiter le personnage de manière réaliste. Le résultat est surprenant. A soixante ans, l'ex-garçon d'hôtel retrouve une seconde jeunesse et démarre une nouvelle vie… --Gilbert Jacques
Spirou sauce Cyberpunk
Tome et Janry ont sans doute été les meilleurs dessinateurs de la série des Spirou depuis Franquin! Fournier avait livré quelques copies sympathiques, Raoul et Cauvin des épisodes sans grand intért. Pour leur dernier album, les auteurs de Soda décident de livrer un exemplaire qui fit date dans l'histoire du groom : Machine qui Rve, sorte de polar/S-F au frontières du genre Cyberpunk.Bien loin des traditionnelles aventures à caractère humoristique et chatoyant, les auteurs choisissent cette fois-ci de conférer à cet album une ambiance beaucoup plus sombre, froide et glauque. Une mystérieuse affaire de clonage, un groupe pharmaceutique aux méthodes douteuses, Machine qui rve prend le taureau par les cornes en plongeant le groom le plus célèbre du monde dans une aventure brutale, sinistre et audacieuse.Les auteurs ne se contente pas de travailler seulement le scénario. L'atmosphère est ici sublimée par des tons de couleurs génialement choisis et la noirceur du scénario est renforcée par la couleur noire des bordures et espaces blancs des pages. Cette noirceur s'exprime également dans les situations mais aussi le style graphique adopté. Le design des personnages est moins cartoonesque, plus adulte. Spirou n'est pas sans évoquer son alter-ego policier New-Yorkais Soda et le sang n'hésite pas à couler. Le scénario enfin reste relativement inaccessible à une catégorie de lecteurs puisque mettant en avant les dérives du clonage et des industries de la santé. Enfin la fantaisie originelle des Spirou, l'humour et le cté comico-fantastique font place à un réalisme froid. A la trappe donc les inventions farfelues et impossibles genre Zorglondes ou appareils à base de champignons.Il en résulte de ce fait un album exceptionnel par son scénario, redoutable par le style qu'il emprunte et unique en son genre dans la saga. Ce qui peut pour beaucoup de fans constituer une trahison dans l'univers du personnage. Il faut prendre cependant ce Spirou non pas comme un livre qui se veut une continuité de la saga originelle mais plus comme un genre de coup d'essai, un exercice de style testamentaire de la part des deux auteurs qui après cet album se sont concentrés sur le Petit Spirou. Machine qui Rve est la traduction de la fin d'une époque. Et les auteurs ont donc décidé de se lcher, n'ayant désormais plus rien à perdre, et de livrer le premier Spirou sauce Cyberpunk, un Spirou brutal, noir et adulte qui sera hélas le seul du lot. Justifié évidemment le retour par la suite à un Spirou plus traditionnel, plus humoristique et fantaisiste car c'est là la base de l'univers du personnage. Mais les albums suivront sans pourtant se démarquer au sein de la série jusqu'à ce que le réalisme et la brutalité reviennent dans les deux épisodes "Journal d'un Ingénu" et "le groom Vert-de-gris" sous fond de Seconde Guerre Mondiale et d'occupation Nazie.J'ai personnellement profondément aimé cet album. Je reste évidemment convaincu que la base d'un Spirou reste l'humour et la fantaisie mais il faut savoir donner sa chance à des auteurs qui veulent tenter un coup d'essai de ce genre et prendre ce livre tel qu'il est et non pas en tant que tome au sein d'une saga. En essayant d'ouvrir son esprit et en prenant en considération ce cté "spin-off", on parvient à trouver des qualités à cet album. Grand fan de Cyberpunk et d'ambiances sombres, ce Spirou a constitué pour moi une sacré bonne surprise. Tome & Janry restent à mes yeux les meilleurs papas de Spirou avec Franquin et avec cet album ils nous prouvent qu'ils peuvent briller dans tous les domaines possibles.Un grand album que l'on détestera ou que l'on aimera mais qui marquera la saga malgré tout. Pour ma part j'ai adoré.