vendredi 21 septembre 2012

Les Fugitifs, Tome 1 : Héros pour toujours en France


Prix : EUR 25,00
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This review is from : Les Fugitifs, Tome 1 : Héros pour toujours
Pyramide .

Voici le premier recueil au format "deluxe" de la "2 saison" des "Fugitifs" de Brian K. Vaughan (scénariste) et Adrian Alphona (plus divers autres dessinateurs). Il en contient les 12 premiers épisodes (la seconde moitié, pour 24 épisodes au total, se trouve dans Les Fugitifs, Tome 2 : Vivre vite). Pour bien l'apprécier, évidemment, il vaut mieux avoir lu la 1 saison. Mais elle a été publiée sous un autre format en trois tomes (Les Fugitifs, Tome 1 : Les Joies de la famille, Les Fugitifs, Tome 2 : Apprentis héros et Les Fugitifs, Tome 3 : Les gens bien meurent jeunes) devenus très difficiles à trouver sur le marché.La 1 saison était un chef d'uvre définitif et hautement métaphorique, construite autour du complexe d'Oedipe et utilisant le medium des super-héros pour nourrir son discours de faon originale, tout en se lisant comme un divertissement total, accessible de 7 à 77 ans. Une merveille.Cette seconde saison est forcément un cran en dessous. Elle est très réussie, mais souffre de la comparaison avec son anée qui avait bouclé la boucle. En effet, les "Fugitifs" s'étaient émancipés de leurs parents "super-vilains" jusqu'au point de non retour. Ils avaient réalisé leur "Oedipe". Que restait-il alors de substance pour nourrir la suite de leurs aventures sans tomber dans le mainstream digest ?Cette première partie de la seconde saison est la moins réussie des deux. Comme toujours, Vaughan prend son temps pour construire son scénario. Quasiment toutes ses créations "longue durée" souffrent de ce défaut : L'histoire commence de faon légère, presque superficielle. Ce n'est que petit à petit qu'elle commence à s'étoffer, à se nourrir de références et à prendre de la hauteur. Il faut parfois attendre le dénouement d'un arc narratif pour prendre conscience de la profondeur, de la cohérence du récit et de la toile de fond que le scénariste a creusée en sous-texte. Si le lecteur n'est pas assez patient, il risque malheureusement de décrocher avant cette prise de conscience, criant haut et fort qu'il vient de lire une série pour "djeuns" complètement inepte. Il aura tort...Arrivé au bout de la 2 saison, époustouflé sur le long terme par la richesse de son contenu, je me dis qu'elle possède facilement trois niveaux de lecture :- 1 niveau : C'est une série sur les super-héros originale et rafraichissante. Elle se fond dans l'univers et la mythologie Marvel avec suffisamment de singularité pour y exister par elle-mme sans tomber dans "l'événementiel", c'est-à-dire la tare principale des vieilles séries mainstream ayant du mal à se renouveler. Elle plaira aux plus jeunes pour le ton moderne et relativement branché que ses auteurs lui ont insufflé. Elle plaira aux plus vieux pour les liens qu'elle entretient avec la mythologie invoquée et le respect apporté à l'ensemble. Mettant en scène ses protagonistes en plein cur de Los Angeles, elle se démarque ainsi du lieu prisé habituellement par les principaux super-héros Marvel (New York) et offre à la Cte Ouest son nouveau groupe de surhommes. Enfin, en faisant de ses héros des fugitifs clandestins recherchés par tout le monde au milieu d'une atmosphère teintée d'ésotérisme, les auteurs nous offrent un road-movie haletant et différent du tout-venant de "la Maison des idées".- 2 niveau : Derrière ses airs de manga pour préados, elle dynamise le genre en le confrontant aux thématiques liées à la jeunesse, comme le rapport aux adultes et le complexe d'Oedipe. J'avais peur qu'après la 1 saison, cette dernière thématique n'ait plus lieu d'tre. Mais à présent que nos jeunes héros se sont émancipés de leurs parents, ils gardent une furieuse méfiance à l'égard des adultes qu'ils répercutent sur leurs rapports avec les autres super-héros : Que ce soit Captain America (qui ne pense qu'à les séparer afin de les placer dans un centre d'accueil spécialisé) ou Spiderman, les Fugitifs ne font confiance à personne et condamnent la notion de "modèle". Par exemple, lorsqu'ils font face à un Spiderman particulièrement affable et protecteur, ils le foudroient direct. Car comme le répond Nico à la jeune Molly qui lui demande s'ils doivent craindre les héros : "Non, nous nous méfions des adultes !". Pour entériner cette émancipation, les Fugitifs ont renoncé à leur "alias" de surhumain, car, comme le dit Gertrude : "Les surnoms, c'est pour les jeux. Nous, on n'est plus les pions de personne"...Derrière ses airs de divertissement léger, elle abonde de références à la culture générale et surtout à la culture populaire. Vaughan ponctue ses dialogues de détails référentiels (technologie geek, littérature, cinéma, musique) et les lie directement aux événements. Par exemple, lorsque Nico, la jeune sorcière, cite Pink Floyd en s'écriant "Shine on you crazy diamond", elle jette un sort à son ennemi l'enfermant dans un diamant géant !- 3 niveau : Vaughan s'abreuve de l'héritage des grandes figures de la littérature anglo-saxonne sur le monde de l'enfance. Il n'oublie pas que lorsque Mark Twain écrivait Les aventures de Huckleberry Finn et qu'il racontait les péripéties d'un adolescent et d'un esclave en fuite à bord d'un radeau de fortune sur le Mississipi, il développait une allégorie de la liberté par la fuite qui allait devenir une des thématiques primordiales de la culture américaine. Il n'oublie pas non plus que lorsque Sir James Matthew Barrie créait l'univers de Peter Pan, il suggérait que le monde des adultes pouvait paraitre si étranger et morose, que l'on pouvait alors renoncer à l'intégrer en refusant de grandir. Enfin, il n'oublie pas que lorsque Charles Dickens écrivait Oliver Twist, il démontrait que la société pouvait tre si cruelle, si dégueulasse, que les adultes oubliaient qu'ils avaient été un jour des enfants, allant jusqu'à torturer les plus jeunes pour arriver à leurs fins... Et pour étendre un peu plus les références, il se souvient également que Carlo Collodi, lorsqu'il écrivait Les Aventures de Pinocchio, prouvait que seul l'amour des parents permet à l'enfant de s'épanouir dans le monde.En nourrissant son histoire de ces modèles majeurs de nos civilisations, Vaughan confère à son scénario quelque chose de puissamment universel. Ce patrimoine finit par pénétrer l'inconscient collectif culturel de ses lecteurs, prouvant qu'il fait partie des auteurs les plus marquants de son époque postmoderne.En conclusion, "Les Fugitifs" est une série dense et profonde, dont l'apparente légèreté et la longue mise en route peuvent malheureusement induire le lecteur en erreur, qui passera à cté d'une des séries Marvel les plus originales et les plus riches de son époque.Deux arcs narratifs se succèdent dans ce recueil. Le cté un peu manga du dessin (surtout sur le second, effectué par un artiste nippon) peut également paratre racoleur. Mais ce serait dommage de passer à cté de la série sur ce simple apriori...




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Product Details

EAN : 9782809400984
Weight : 3 pounds
Height : 2 inches
Length : 12 inches
Width : 8 inches
Author : Brian-K Vaughan
Binding : Broché
Manufacturer : Marvel Panini France
PublicationDate : 2007-10-11
Publisher : Marvel Panini France
SKU : 9782809400984_SOCA_US
Studio : Marvel Panini France

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