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Poignant mais pas gnan-gnan ! Chacune des 50 histoires de cet album est poignante, drle ou révoltante (ou parfois les trois à la fois).Paracuellos, c'est le nom d'un foyer de "l'assistance" espagnole mais Paracuellos, c'est aussi l'histoire (vécue par Gimenez) des gamins démunis d'un orphelinat dans l'Espagne de Franco. Les dessins ont un cté expressionniste qui vous saisit aux tripes. Les textes sonnent juste et sont dépourvus de fioritures.En tout cas, ce recueil ne vous laissera pas indifférents et je vous mets au défi de ne pas ressentir une sorte de malaise ou de boule dans la gorge à la lecture de ces chroniques politiquement et religieusement incorrectes ! C'est tellement drle qu'on aurait envie de chialer comme dirait Gotlib.
La politesse du désespoir Ils ont eu des drles d'enfances, les enfants de Fluide Glacial. Gotlib tout d'abord, qui raconte dans son autobiographie J'existe, je me suis rencontré comment les gendarmes franais aux ordres de Vichy l'ont privé de père. Binet ensuite, célèbre pour ses Bidochons mais également auteur d'un ouvrage superbe et noir, L'institution, dans lequel il évoque le pensionnat. Enfin voici Gimenez et son émouvant Paracuellos, du nom d'un foyer de l'Assistance Publique espagnole de l'après-guerre.Cet imposant ouvrage regroupe les 6 volumes déjà parus aux éditions Fluide Glacial, avec un papier de qualité supérieure et une couverture superbe : 3 adultes aux yeux plissés par le sourire, cernant 18 enfants dont les yeux tristes et fatalistes forment 36 petites taches blanches. L'un des enfants est agenouillé, les bras écartés, vraisemblablement en guise de punition.Il y a plus de 50 petites histoires dans ce recueil mais elles n'en forment qu'une seule, qui raconte la vie quotidienne du foyer, faite de violence, de privations et d'interdits en tous genre, mais aussi de rve et d'amitié. L'auteur a un peu triché : les anecdotes ne sont en effet pas arrivées dans un seul foyer et lui-mme n'en a pas forcément été le témoin. Cependant il en certifie l'authenticité, or on le croit volontiers tant elles et leurs protagonistes sont criants de vérité.Les enfants : Pirracas qui mange les mouches, les papillons et fouille dans les ordures ; Carlos qui n'a pas de père et dont la mère tuberculeuse est en sanatorium ; Adolfo, le plus grand du collège, à qui on ne prte des chaussures que pour aller à la messe ; Sancha à qui sa bote à rustine confère le pouvoir de réduire les autres en esclavage ; etc.Les adultes : le père Rodriguez, l'inventeur de la double-baffe ; Mlle Sagrario pour qui "le savoir entre avec le sang" ; l'infirmière à moitié aveugle qui désinfecte à cté des plaies mais à qui on n'ose rien dire de peur de se prendre un coup ; Merche, la surveillante de 14 ans qui vous fait une bise en échange d'une peseta ...Enfin, pour laisser le dernier mot au grand Gotlib : voici 300 pages "de gags désopilants à se taper la tte contre le mur et à mouiller son froc de rire. Alors attention les yeux, vous avez intért à sortir vos mouchoirs des fois que les larmes se mettent à dégouliner tellement vous allez vous fendre la gueule".
Déchirant Paracuellos raconte la jeunesse de Gimenez sous le régime franquiste, dans un orphelinat, loin de sa mère, malade, et de son frère, trop grand pour l'orphelinat, qui doit bosser pour nourrir la famille. Les dessins sont déchirants, l'histoire aussi, on a envie de pleurer tout du long malgré les rares moments de sourire, une lecture intense, poignante, dont je garde la trace près de 20 ans après l'avoir découverte. Il faut du courage pour tourner les pages, et l'on s'enrichit à chaque planche un peu plus. Ma belle-mère a vécu dans un orphelinat espagnol à cette époque, elle en garde encore des séquelles profondes, ce qui équivaut pour moi à un certificat de véracité sur ce récit...
Je ne suis pas particulièrement bdphile, mais celle-ci m'a enthousiasmé! Il s'agit d'un témoignage de ce qu'ont vécu des enfants dans les internats de l'assistance publique sous l'époque de Franco. Mlant à la fois humour et drame, j'étais sans cesse partagé entre envie de rire et pleurer de tristesse et révolte.